L'outillage du coutelier

Pour être autonome dans son atelier, un coutelier a besoin de divers outils. Dans cet article, vous trouverez le minimum nécessaire indispensable, selon moi, pour bien commencer en coutellerie.
Un carnet à croquis ou un logiciel d'illustration pour mettre en image l'idée que vous avez en tête. Du carton, afin de prototyper et essayer votre mécanique si vous partez sur un couteau pliant, mais aussi tester l'ergonomie du manche.
Une fois le patron réalisé, une pointe à tracer sera nécessaire pour reporter vos différents éléments sur les matériaux choisis. Vous pouvez également ajouter un pointeau pour marquer les trous à percer et un pied à coulisse afin de contrôler vos épaisseurs et marquer des repères.
Une bonne perceuse à colonne vous sera aussi nécessaire. Attention à bien serrer vos pièces avant de percer, ne les maintenez pas à la main : une lame, ou toute pièce tournant à haute vitesse, peut très vite devenir dangereuse.
Une scie à ruban et une disqueuse pour dégrossir les formes de vos plaquettes, lames, platines...
Une ponceuse stationnaire ou un backstand. Si il y a bien un outil indispensable, pour moi, c'est celui-ci. Vous pouvez commencer avec une petite ponceuse, histoire de vous faire la main mais vous allez vite vous rendre compte de ses limites. Vous vous tournerez alors rapidement vers un backstand, qui est aussi une ponceuse stationnaire mais adaptée à l'usage de la coutellerie. C'est un certain investissement, certes, mais ô combien utile : ergonomie, praticité, et rendement sont de mises. Pour ma part je l'ai achetée chez Beltgrinder, un fabricant polonais qui commence à jouir d'une certaine réputation dans le milieu de la coutellerie : un rapport qualité prix inégalable. Vous trouverez ci-joint un lien vers une vidéo de Lampro Knives, jeune coutelier youtubeur, qui a réalisé un retour très complet sur le modèle que je possède. Certaines personnes se les fabriquent mais personnellement je ne le conseille pas pour des raisons de fiabilité et de sécurité. Toutefois vous trouverez sur youtube bon nombre de tutos.
Il vous faudra également des limes, pour les ajustements demandant de la précision (cran, ressort) et faire un guillochage si vous le souhaitez.
Une forge ou un four de trempe afin d'effectuer les traitements thermiques. Si vous passez par une forge, ayez avec vous un aimant : c'est une astuce afin de tester le point curie qui est une indication cruciale pour estimer le bon moment de tremper votre lame ou ressort. Avec un four de trempe vous aurez moins de soucis à vous faire : vous réglez la température souhaitée, vous maintenez le temps nécessaire... et on trempe ! Il faut évidemment faire des éprouvettes pour vous assurer que le processus est optimisé afin d'avoir le meilleur résultat possible. Un autre avantage du four de trempe, c'est que vous pouvez traiter, en plus de l'acier, des pièces inoxydables (en n'oubliant pas de mettre une couche de condursal ou des papillotes). C'est un outil qui peut vite coûter cher (minumum 600€ neuf, jusqu'à 3500€ environ), c'est pourquoi je vous conseille de vous en fabriquer un ou alors de trouver un four d'émaillage (environ 200€) à réadapter à votre usage. Pour vous le fabriquer, voilà un ensemble de vidéos très complet de Anima Knives, que j'ai personnellement suivi pour concevoir le mien. Ce n'est pas très compliqué : un bon plan et quelques notions en électricité sont tout de même vivement recommandés.
Un four domestique électrique sera également nécessaire, pour faire les revenus de vos lames, ressorts et platines. C'est une étape indispensable si vous voulez éviter la casse.
Une petite enclume et un marteau boule pour le matage des rivets et le piquage de vos lames si elles se sont voilées lors de la trempe.
Et enfin, ne surtout pas oublier les éléments de protection : casque anti-bruit, masque pour la poussière, chaussures de sécurité, gants et lunettes, ainsi qu'un tablier en cuir ou une veste épaisse.
Prix approximatif pour l'ensemble de cet outillage : de 2000€ à 3000€ selon si vous achetez du neuf ou de l'occasion, et si vous décidez de vous fabriquer le four de trempe et le backstand.
Si vous vous lancez, n'oubliez que l'échec n'existe pas, il n'y a que de l'apprentissage !
Coutellement vôtre !
Sylvain Colin / Doud's Factory